L'histoire de la notation chiffrée [L'évaluation des élèves en classe]

L'histoire de la notation chiffrée

inventée par les jésuites au XVIe siècle pour classer et sélectionner ^[1];
reprise par l'école de la république au XIXe siècle ^[2];
de 0 à 20 en 1890 (pour le secondaire) ^[3];
au centre des débats lors de la conférence nationale sur l'évaluation de 2014 ^[4];
des pratiques innovantes d'évaluation par compétences qui se multiplient ^[5];
l'arrêté du 31-12-2015 laisse le choix aux établissements, aux équipes de mentionner des notes ou tout autre positionnement de l'élève au regard des objectifs d'apprentissage ^[6].

Commentaire
Au Moyen-âge et dans l'ancien régime, l'enseignement était un service payant. Il n'y avait pas de notation. La décision de poursuivre ou non un enseignement relevait de l'élève et à sa famille.
Au XVIème siècle, les jésuites remettent en cause ce principe marchand de l'enseignement. Pour résister aux réformateurs et aux humanistes, ils veulent scolariser le maximum d'enfants de la bourgeoisie et codifient l'organisation des études (celle-ci est à l'origine du modèle éducatif de l'enseignement secondaire tel qu'il fonctionne aujourd'hui en France et dans la plupart des pays du monde : classes de niveaux, succession des disciplines et des activités, notation...).
La technique de la note est importée de Chine où elle était utilisée pour le recrutement des fonctionnaires.
La pédagogie des collèges jésuites était basée sur la discipline, la répétition et la concurrence entre les élèves. Les élèves sont classés et sélectionnés par un système de prix, de concours et de notes. C'est le principe de l'émulation par la compétition.
Commentaire
Au XIXème siècle, l'école républicaine s'oppose à l'enseignement des jésuites tout en récupérant son organisation et ses techniques.
Avant 1890, le baccalauréat, institué par Napoléon 1er en 1808, était attribué avec des boules de couleur.
Commentaire
La notation de 0 à 20 pour le secondaire (sur 10 en primaire) est officialisée en 1890 (arrêté non abrogé). Progressivement, la notation est moins utilisée pour classer les élèves, mais plutôt pour comparer leurs performances aux objectifs fixés par l'institution scolaire et les positionner sur une échelle universelle qui apprécie le travail ou la conduite.
Commentaire
A partir des années 1920, la notation contestée des pédagogues (Claparède, 1920 : « une école sur mesure et non une école de la mesure » ; Freinet) et sa fiabilité remise en cause par les spécialistes en docimologie, les psychologues et les sociologues.
À partir de la réforme Berthoin de 1959 (scolarisation obligatoire jusque 16 ans qui a conduit à la démocratisation, la massification et l'unification des collèges), le terme évaluation est de plus en plus utilisé dans les discours pédagogiques avec l'apparition du concept d'évaluation formative.
En 2014, lors de la conférence nationale sur l'évaluation, la question de la notation et de sa pertinence sont au centre des débats. Dans son rapport, le jury de la conférence recommande d'abandonner la notation chiffrée à l'école élémentaire et en 6ème. Cette recommandation n'est pas suivie par le ministre.
L'utilisation de la note est en baisse à l'école élémentaire (la note est utilisée dans 20% à 30% des écoles, surtout en CM). Au collège, la note reste la référence.
Commentaire
Les propositions alternatives à la notation, l'évaluation par compétences (les classes sans note), se multiplient dans le cadre des pratiques innovantes.
Commentaire
Les bulletins scolaires actuels sont très peu différents des bulletins des années 1960.